Paysannes
Une ferme comme on peut en voir dans les campagnes françaises. Peu à peu, les autres fermes qui l'entouraient ont fait place à des rangées de lotissements.
C'est ici que vit Thérèse. Et c'et dans un décor semblable que vivent Gracieuse, Bernadette...
Paysannes. Leurs visages portent les traces du passage d'un siècle qui a vu notre société passer de la tradition à la modernité.
Travailler la terre. Elever ses enfants. S'occuper du foyer. Existence héritée d'une époque dont les derniers vestiges s'effacent lentement.
Impensable, inacceptable pour les enfants du XXIe siècle que nous sommes.
Dernières héritières d'un mode de vie qu'elles n'ont pas choisi, elles sont le pont entre deux époques.
Paulette, née en 1924.
Elle s'installe avec son mari dans un morceau de bâtisse abandonnée au milieu de la garrigue ardéchoise, à plus de quatre kilomètres du village.
Yvonne est née en 1929.
Elle vit depuis toujours dans une commune de la Montagne bourbonnaise, dans l’Allier. Ses parents étaient agriculteurs et avec son mari, en 1954, ils reprennent l’exploitation. Elle a eu sept enfants. Aucun n’a repris la ferme.
Clémence est née en 1932 dans le département du Gers.
Fille d'agriculteurs, elle se marie en 1960 avec un fils d’agriculteur. Ensemble, ils s’installent dans la maison familiale du mari et produisent du tabac et du lait. Leur seul fils n’a pas voulu reprendre l’exploitation.
« Y’a pas un jour de libre. » Ils sont ravis qu’il n’ai pas fait ce métier « C’était la vie de l’époque."
Simone est née en 1920 dans les Ardennes.
Fille d’agriculteurs, quand elle était enfant elle faisait la traite des vaches.
« J’aimais bien ça, j’ai toujours aimé mon métier. »
A 27 ans, elle se marie et s’installe à la ferme de son époux
« On avait 80 hectares, c’était grand pour l’époque. Mais ce que j’aimai, c'étaient mes vaches. J’ai fait la traite jusqu’à plus de 80 ans. »
Élisabeth est née en 1933 dans une famille d’agriculteurs, dans les Ardennes.
« A 14 ans, j’étais en pension religieuse. Mon père m’a récupérée pour venir travailler à la ferme. Moi j’ai toujours été passionnée de l’agriculture, mais le travail était dur. »
En 1958, elle se marie et s’installe dans une ferme en friche, qu’ils louent, à l’extérieur d’un village « Au début, on vivait dans la grange. » Elle a eu huit enfants et regrette qu’aucun n’ait repris l’élevage de moutons.
« La ferme c’est un outil de travail, mais bon… On n’a pas eu la chance de choisir à l’époque, nos enfants oui. »
Germaine, née en 1936 de parents métayer en Dordogne.
« J’ai pas choisi d’être agricultrice, mais depuis enfant j’ai toujours travaillé la terre. Et mon mari, lui, n’a pas pu aller à l’école car il fallait aider à la ferme. C’était comme ça à l’époque. »
Michelle est née en 1947 dans un village de la Dordogne.
Des trois filles, elle est la cadette. Sa mère meurt quand elle a 5 ans, elle sera élevée par ses grands-parents. Son père est agriculteur.
« Je voulais être couturière mais mon père me faisait travailler au champ car j’étais la plus costaud des trois. »
A 22 ans, elle se marie et a 4 enfants. Lorsque son mari prend sa retraite en 1997, elle récupère l’exploitation jusqu'à sa propre retraite, en 2007. Aucun de ses enfants n’est agriculteur aujourd'hui.
« Je suis contente que mes enfants gagnent leur vie autrement. »
Christiane, née en 1945, vit dans un village du Morbihan.
A 14 ans, son père décède et elle doit arrêter l’école pour aider sa mère sur l’exploitation. A 25 ans, elle se marie et quitte le domicile familial. Elle a eu deux filles.
« J’aurais aimé que mes filles soient dans l’agriculture, mais aujourd’hui il faut de grandes exploitations, il faut s’endetter. »
Ghislaine est née en 1933 dans un village de l’Yonne.
Ses parents étaient agriculteurs, mais elle n’a pas repris la ferme. Elle est partie vivre 3 ans en Allemagne avant de revenir s’installer avec son mari dans son village, en 1959. Ils ont eu quelques terres, mais elle n’a jamais aimé ça.
« Je préférais être aide-soignante. »
Aujourd’hui, elle n’a gardé qu’un petit bout de jardin où elle cultive ses légumes.
Ginette est née en 1936 en Ardèche
« Je suis née en 36, j’ai été élevée par le Front populaire. »
Ses parents avaient un troupeau de brebis.
« A 8 ans je travaillais, je sais ce que c’est le travail. »
En 1955, elle se marie et s’installe dans la ferme de son mari, elle y vit encore.
Thérèse est née en 1938.
Elle est née dans la ferme familiale, qui date du 13ème siècle dans le sud de l’Ardèche, et y a toujours vécu. Elle ne s’est jamais mariée, elle a été obligée de rester travailler ici, avec son frère et sa belle-sœur. Depuis leur mort, elle vit seule dans la ferme, avec les aides sociales et encore quelques brebis.
« On a fait comme on a pu ».